Après avoir disputé trois séries d’épreuves, le Rennais de 43 ans, originaire de Locquirec (Finistère,) a reçu fin octobre aux États-Unis le titre de « ;champion du monde de e-sailing ;» au terme d’une compétition organisée en partenariat avec l’éditeur du jeu Virtual Regatta, qui a rassemblé près de 20.000 fans du monde entier. « ;J’ai été aidé par un bon choix météo et par certains automatismes ;», Randonnée Jet Ski raconte Elouan Le Coq. Avant d’être « ;L1 ;» dans le monde virtuel, le Breton était déjà « ;tombé ;» dans l’univers de la voile à l’âge de 5 ans. « ;J’ai commencé par des régates de petit niveau dans la baie de Morlaix, puis dans le Finistère, puis dans toute la Bretagne, puis dans toute la France ;», retrace le quadra, qui a appris à naviguer avec Jérémie Beyou et Armel Le Cléac’h. Membre de l’équipe de France junior pendant deux ans, il participe au championnat du monde d’Optimist au Japon en 1989, où il décroche l’argent par équipes. Après plus de dix années de match racing, les obligations professionnelles finissent par l’éloigner de la mer. En 2016, il découvre « ;par hasard ;» le jeu en ligne Virtual Regatta, qui réussit l’exploit de rassembler 450.000 joueurs au départ du Vendée Globe virtuel, contre 29 monocoques alignés aux Sables d’Olonne. « ;J’ai commencé la course en dilettante, mais le compétiteur est ressorti et j’ai fini au bout de deux mois et demi le couteau entre les dents, à vouloir tout vérifier toutes les 5 minutes et à un rythme proche de ce vivent les marins, l’effort physique en moins ;», résume-t-il. Pour éviter de se laisser accaparer par les répliques virtuelles des courses au large, et de devoir virer son bateau en pleine réunion avec ses collègues, le Breton opte pour la version « ;inshore ;» du jeu ;: des régates près des côtes et plus courtes. Il y a un an, la Fédération internationale de voile a justement choisi ces régates pour faire concourir la large communauté des marins virtuels au premier championnat du monde de « ;voile numérique ;». « ;Il s’agit de phases de courses très rapides qui me rappellent ce que je faisais en match-racing, avec les mêmes sensations d’adrénaline, le même niveau de réflexion et des prises de décisions extrêmement rapides ;», assure l’informaticien. « ;Il n’y a pas de notion d’effort physique mais il y a quand même un effort mental important, c’est comme si on jouait aux échecs avec quelqu’un en courant ;», s’amuse-t-il. Les épreuves simulent plans d’eau, force et direction du vent, parcours autour de bouées, ;etc. Cela fait venir à la voile des personnes qui n’ont pas eu la chance de découvrir ce sport, mais ça permet aussi aux « ;voileux ;» de faire des essais tactiques et de garder un lien avec leur sport pendant l’hiver ou quand ils sont loin de la mer ;», assure le Breton, qui reconnaît avoir fait « ;beaucoup de courses dans le train Rennes-Paris ;». 250.000 joueurs sur la Route du Rhum Interrogé sur cette pratique, le président de la Fédération française de voile (FFV), Nicolas Hénard, est dithyrambique. « ;Le e-sailing requiert des qualités indéniables de concentration sur plein de paramètres différents comme la direction du vent, le cap ou la vitesse de déplacement ;», plaide-t-il. « ;La Route du Rhum virtuelle 2018 a rassemblé 250.000 joueurs uniques, dont 600 classes de jeunes qui auront peut-être envie un jour après d’aller réellement sur un bateau ;», ajoute-t-il. Philippe Guigné, le concepteur du jeu, voit lui dans le e-sailing « ;un levier stratégique, qui réalise des audiences incroyables, bien au-delà de l’audience habituelle de la voile ;». Il a passé un contrat avec la FIV jusqu’en 2024 et aimerait, pourquoi pas, faire une place à son jeu, qui compte 1,3 ;million d’utilisateurs, aux prochains JO de Paris.